Ou la grêle, la pluie, le vent, le soleil, tout en même temps.

J'étais assise sur un banc.
Face au soleil, un petit brin de vent juste ce qu'il faut et elle est venue s'asseoir à côté de moi.
Presque pas à côté, de l'autre coté du banc, mais assez près quand même.

Une vraie petite mamie, cheveux blancs, petite taille, petits pas, grand sac à commission. Un sourire tout doux, des yeux qui rigolent, et un visage marqué par le temps. Elle m'a dit un good morning et s'est installée. Après lui avoir donné mon plus beau sourire j'ai continué la lecture de mon livre.

     
   J'aime bien que quelqu'un s'assoie avec moi sur un banc. Même un inconnu. Surtout un inconnu.


On était là au calme sur notre banc, moi en tailleur plongée dans mon livre, elle assise à regarder le parc puis un téléphone a sonné. J'ai d'abord cru que c'était le mien, mais il aurait fallu que je l'ai emporté. Non, la sonnerie venait de son sac. De son sac à commision. J'ai été surprise. Elle a sorti l'objet, décroché sans hésiter, raconté un truc du genre laisse-moi-5-minutes-et-j'arrive, puis elle a raccroché. Elle l'a remis dans son sac, a respiré quelques instant. Ensuite elle a rassemblé ses affaires et s'est levée. Elle m'a dit un truc à propos du temps et m'a souhaité une bonne journée. Je l'ai remercié et l'ai regardé marcher le plus longtemps possible.


Je. Elle m'a scotché.
Son aisance.
Elle avait une telle demarche de vieille dame. Et puis je suis presque sûre qu'elle était dans sa septième dizaine, pas moins. Alors de la voir comme ça, si naturellement se servir de son portable, c'est bête mais ça m'a scotché. Littéralement. On n'attend pas d'une mamie de savoir se servir d'un portable. Et pour dire, je crois bien que c'était la première fois. Que je voyais ça. Une mamie ça te demande de décrocher, ça cherche ses lunettes pour appuyer sur la bonne touche, ça peste quand ça marche pas, ça le tient un peu loin, comme si c'était la première fois, ça aime pas trop ça, tant de technologie. Ca. Je sais pas mais.

Elle m'a scotché.